L’afropolitanisme : une renaissance africaine

“La décolonisation sans la démocratie est une bien piètre forme de reprise de possession de soi, fictive”, Achille Mbembe, Sortir de la grande nuit. Ce livre datant de 2010 revient sur les conséquences de la colonisation, l’état actuel de l’Afrique et sa lutte post-coloniale, enfin sur les perspectives d’avenir qui s’offre à l’Afrique en tant que continent.

Achille Mbembe en tant que penseur post-coloniale développe le thème de la décolonisation de l’Afrique en direct filiation de penseurs tels que Frantz Fanon ou bien Jean-Marc Ela.

Achille Mbembe a vécu dans de nombreux pays, ce qui lui apporte une vision sur le monde particulièrement pertinente, c’est ainsi qu’il s’interroge sur la place de l’Afrique dans le monde. Selon lui, l’Afrique doit se détourner de l’Europe afin de prendre réellement son indépendance et d’assumer son rôle un continent d’avenir afin de devenir son propre centre de gravité.

Une vision pour l’Afrique

L’Afrique doit s’unir afin de parler d’une même voir dans le monde, il évoque les concepts de « nationalité africaine », « d’afropolitanisme » en regroupant une volonté panafricaine et l’esprit de la décolonisation.

C’est grâce à cette forme d’union entre les pays africains que l’Afrique pourra faire face à l’impérialisme qu’Achille Mbembe définit comme « la gestion à son propre profit, d’un chaos que l’on suscite, que l’on organise et que l’on entretient ».

Achille Mbembé

Double discours et renouveau

Il dresse une critique acerbe de la France qui n’a pas su se décoloniser elle-même et qui tient un double discours hypocrite.  D’un côté l’esprit républicain et les valeurs humanistes et  de l’autre côté de plus en plus en proie au nationalisme et au monté de l’extrême droite. Ce masque que l’on peut résumer par « une démocratie imbue de ses propres préjugés de race mais aveugle aux actes par lesquels elle pratique le racisme » selon l’auteur Achille Mbeme.

Cette prise d’indépendance passe par la décolonisation qui n’est pas acquise, c’est un processus de lutte contre des structures et des institutions mais avant tout un combat intérieur, psychique. La décolonisation passe avant tout par la démocratisation, Achille Mbembe critique la manière dont les élites politiques africaines se comportent comme les colonisateurs, usant des mêmes stratègie.

Achille Mbembe partage dans ce livre sa conception de l’humain en tant que « passant ». Il pense que avec   un « peuplée en majorité de passants potentiels » rêvant de l’ailleurs afin de se « réinventer et de se ré-enraciner ».  Ce processus de se « ré-enraciner » a pour conséquence une renaissance africaine.  A quoi il oppose les politiques de « frontiérisation » par lequel les puissances de ce monde transforment certains espaces en des lieux infranchissables pour certaines classes de la population.

Une pensée riche et complexe

Achille Mbembe est un penseur contemporain qui peut s’avérer parfois difficilement compréhensible. Son utilisation de concepts complexe peut être déroutant mais pourtant une fois compris ce nouveau lexique nous permet d’intégrer ses idées et ainsi de saisir l’ampleur de son propos.

Cette complexité devient richesse, et l’on comprend facilement les enjeux actuels de la décolonisation, son impact sur les sociétés africaines mais aussi les phénomènes mondiaux qui rentrent en jeu. Même si de prime abord Achille Mbembe peut sembler pessimiste, en souhaitant plus de démocratie et la mise en place d’une unité africaine il développe une vision positive pour le futur de l’Afrique.

Écrit par Antoine Fèvre

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